Citoyens
Objectif :
positionner les acteurs sur 3 lignes différentes (nos 3 noeuds), pour pouvoir les comparer dans leurs définitions réciproques
"Jamais la foule ne saurait gouverner avec intelligence, ni un navire, ni une cité"
Platon
"Un large groupe de citoyens prend de meilleures décisions qu'un petit groupe d'élus individuellement plus compétents"
Aristote
Une masse de citoyens formant un peuple uni ?
“Le citoyen n’est pas une donnée immédiate de la conscience, ni une donnée naturelle, ni une réalité présente à lui-même et capable de se comprendre comme tel ; il est une construction à laquelle contribuent les institutions - l’école, les associations, les syndicats, la presse” indique le professeur de droit constitutionnel Dominique Rousseau. Néanmoins, à l’aune de la crise des Gilets Jaunes, cette notion de peuple est souvent brandie par les militants du RIC comme une entité unifiée qui parlerait d’une seule et même voix pour revendiquer plus de pouvoir. Samuel Hayat, professeur en sciences politiques, déplore cette vision politique portée par les Gilets Jaunes, qu’il nomme “citoyenniste”, qui perçoit la volonté de la nation comme un ensemble harmonieux et unitaire au détriment de l’expression des divisions idéologiques, pourtant nécessaires dans un système démocratique. Le mouvement des Gilets Jaunes, qui s’est construit en opposition au système partisan, condamne la politique politicienne et revendique le règne de l’opinion authentique du peuple, sans médiation.
Cette remise en question de la légitimité et la nécessité de la présence de représentants rend sceptique certains juristes, qui, comme Dominique Rousseau, pensent que s’il n’y a plus de représentants, il n’y a plus de citoyens, chacun ayant besoin de l’autre pour exister. Institutions et représentation étant précisément ce qui permettrait aux “hommes de se représenter non pas comme des individus mais comme des citoyens”. Ainsi, pour Yann Arzel Durelle-Marc, spécialiste de l’histoire du droit et des institutions, rendre le pouvoir au peuple est un argument “totalement populiste”, puisque le peuple en lui même n’existe pas en tant que réalité objective.
Pour ces spécialistes du droit, si les Gilets Jaunes se sont arbitrairement constitués en figure du Peuple-Nation, il ne s’agit pas d’un être cohérent mais une figure construite, créée artificiellement par le droit. Le maintien de l’équilibre entre le corps des représentants et le corps des citoyens étant la condition nécessaire pour garantir le bon fonctionnement de notre système démocratique. Ce point d'équilibre est justement le coeur de cette controverse et s’illustre au travers des désaccords importants à propos des modalités du RIC, notamment concernant le domaine référendaire et le contrôle de constitutionnalité.
Peut-on faire confiance au citoyen ?
Ouverture du domaine référendaire selon la capacité politique du citoyen ?
Vertus éducatives du RIC ?
Des risques ?
Danger pour les minorités ?
Risques antidémocratiques ?
Quelle place pour la délibération citoyenne ?
“On constitue le personnage peuple, qui est un personnage largement fantasmé puisqu’il supposerait qu’il y ait un être qui soit un être cohérent ce que le peuple n’est pas"